Ouazzani, Selfati, Amina Benbouchta, Mahi Binebine, Houda Terjuman, Aymane Errachidi, Omar Mahfoudi, Catherine Poncin, Itaf Benjelloun, Insaf Slassi, Oumayma Abouzid Souali

Du 20 mai au 20 juin 2022, Gallery Kent propose une nouvelle exposition originale d’œuvres d’artistes venant de tous les horizons et qui demeurent fidèles à l’espace culturel. Breeze a été imaginée pour célébrer le retour de la douceur de vivre et l’arrivée des beaux jours.

Oumayma Abouzid Souali invite par sa peinture à une plongée dans les profondeurs marines où l’on sait retrouver l’univers surréaliste, véritable festin nu, auquel elle nous a habitués depuis quelques expositions : où les méduses enfantent de nageurs ensommeillés et des crabes s’escriment contre le ciel en regardant le monde droit dans les yeux. Amina Benbouchta a décidé que son printemps serait rutilant et, entomologiste du mal-être et de la torture, elle reprend la geste édénique des somptueux papiers découpés de Matisse pour en dresser un portrait des flammes d’un bien étrange enfer. Itaf Benjelloun, avec la subtilité et la délicatesse qu’on lui connaît, nous emmène dans des effacements où la représentation de son monde se fond en elle-même, dissolution du blanc de l’être dans le blanc du non-être : une façon de refonder une narration au cœur des problématiques maïakovskiennes qui ont porté la modernité à ses sommets. Mahi Binebine propose des portraits en ombres chinoises, profils d’hommes et des formes du monde, fantômes d’eux-mêmes, comme autant de camées antiques qu’un promeneur solitaire aurait retrouvés dans les ruines de Lixus ou de Banasa. Aymane Errachidi ose le portrait en pied, royal donc pour les classiques, où il expose sa nudité comme un monstre affranchi et des soldats défaits, amoindris, démunis mais robustes et prêts à être instrumentalisés jusqu’au bout de leur destin. Omar Mahfoudi, fidèle à lui-même, revient dans sa ville natale accompagné de sa tribu de portraits, dressés à la vitesse d’une action painting d’aquarelle et d’air, de lumière tangéroise et de pleurs d’une médina éprouvée par le temps et l’usure, mais encore vivace et vivante de sa population jeune et si pleine d’énergie. Abdelkrim Ouazzani ne saurait effectuer un tour de piste sans ses joyeux monstres, d’un surmoi débordant d’envies et de plaisirs bien plus que de regrets, forçant le monde comme il le fait des barres de fer enduites de cette toile qui fait peinture, arrondissant les angles et se couvrant d’un nuancier de la candeur. Le printemps de Catherine Poncin est féminin et s’entrouvre comme l’origine du monde, où la nature s’affiche maternelle, d’une fente d’optique par laquelle la photographe nous initie aux plaisirs de l’exigence et de la perfection. Selfati offre un bouquet de ses impressions, sa sensibilité du monde à vif et retravaillée avec une énergie de tous les diables, quand son portrait du pape du pop art en défait l’identification et le singularise, comme pour déconstruire le processus de celui qui rendit plus iconiques encore ces icones que furent Marylin, Mao ou Elizabeth Taylor. Insaf Slassi met au monde d’entières nurseries de nourrissons brodés et de fœtus papillonnant, couverts de guirlandes de fleurs comme Yto Barrada en couronnait ses harrags de la forêt, bouts d’hommes recroquevillés sur eux-mêmes, dans des cadres comme des biscuits de porcelaine, et qui refusent d’affronter le monde qui défile devant eux. Houda Terjuman présente son univers surréaliste à la Magritte, frontal et opaque, comme des découpes dans l’improbabilité du réel, dans la résistance du monde, qu’elle laisserait flotter en tableaux ou en sculpture de la lévitation et du silence des choses.

Le printemps a donc toutes les couleurs, et tous les styles, pour Gallery Kent. Breeze est une exposition sur l’optimisme que l’on se doit de garder dans nos temps incertains. Le sourire est là, qui pour autant n’est pas béat et ne cache pas les inquiétudes des artistes pour le devenir de leur monde. Une brise souffle qui rafraîchit les esprits et évoque les bourrasques de ce chergui qui demeure le plus fidèle compagnon de Tanger.

19, rue Jabha Watanya – 90000 Tanger – +212 539937148 – +212 660724055 – gallerykent19@gmail.com – www.gallarykent.com